mardi 4 août 2009

Le journalisme d'enquête - (Partie 1)


Le journalisme d’enquête est un art et des sites internet comme TMZ.com ainsi que des journalistes comme Ian Halperin ou Perez Hilton sont des exemples de vedettes de l’heure du journalisme d’enquête. Leur immense succès respectif est aussi la preuve qu’il y a un attrait de la part du public pour ce genre de travail.
Il n’est pas facile de faire du journalisme d’enquête et on devient essentiellement une sorte de détective qui doit jouer d’astuce pour découvrir et obtenir des informations secrètes. Il faut parfois même aller jusqu’à l’infiltration pour être en mesure de connaître la vérité.
Je n’ai pas souvent fait de journalisme d’enquête pour publication dans les médias, bien que toute forme de journalisme est en soi une enquête. J’ai cependant souvent utilisé la technique de l’enquêteur, en particulier lorsque j’étais l’adjoint de PierrePéladeau. Un bon gestionnaire doit toujours « tout savoir » concernant son entourage et, en ce sens, il est comme un journaliste d’enquête ou un détective. L’anecdote personnelle suivante illustre bien qu’il est parfois très utile de posséderun talent de limier…
J’avais été embauché en avril 2001 comme attaché de presse à l'Assemblée nationale du Québec par un ministre dans le gouvernement de Bernard Landry et, après avoir été accueilli par l’équipe du ministre en question, voilà qu’en milieu d’après-midi de la première journée, la chef de cabinet me convoque dans son bureau en disant que c’était urgent…
Elle n’y alla pas par quatre chemins, quelqu’un l’avait contacté et lui avait dit qu’il fallait se débarrasser de moi sinon ça irait mal pour le ministre et on ferait tout pour lui nuire dans les médias. Qui était cette personne? La chef de cabinet ne voulait évidemment rien dire, mais elle me confia qu’il s’agissait de quelqu’un de Montréal et que je devrais regarder dans le « grand giron » entourant Quebecor.
Ce fut tout un choc pour moi. J’avais obtenu cet emploi après l’avoir négocié durant des entrevues et les étapes d’usage, j’avais été accueilli par toute l’équipe du ministre, on m’avait présenté aux fonctionnaires du ministère et aux autres attachés de presse du gouvernement Landry et voilà que quelques heures seulement après mon entrée en fonctions, on me dit que je dois partir car on a reçu des menaces!
J’ai demandé au chef de cabinet de discuter de cette situation avec le Premier ministre Bernard Landry et j’étais convaincu que ce dernier me défendrait car il me connaissait pour avoir souvent servi d’intermédiaire entre lui et Pierre Péladeau. Landry avait toujours dit avoir beaucoup de respect et d’estime pour Péladeau, qui pour sa part en tant que mon ancien patron, avait toujours apprécié mon efficacité professionnelle et il n’avait jamais hésité à le déclarer publiquement. Ma deuxième surprise de la journée fut cependant d’apprendre, quelques minutes plus tard, que Bernard Landry ne voulait aucunement se mêler de ce dossier!
J’ai donc dû reprendre le chemin de Montréal et me résigner à faire ma propre enquête personnelle si je voulais connaître le fond de cette histoire. Cela n’a pas été facile mais j’ai réussi à remonter la filière et j’ai pu identifier la personne qui avait demandé mon licenciement.
Je dois beaucoup de mon succès de « détective » dans cette affaire à un ami, policier à la retraite et ex-confrère rapproché de Jacques Duchesneau, le chef de police de Montréal (1994 à 1998). Mon ami retraité m’a aidé dans ma recherche notamment en me suggérant divers trucs policiers, que je ne connaissais pas, pour découvrir lavérité. Au départ, je suspectais un certain individu et notre enquête a permis de découvrir le contraire.
Malheureusement pour moi, je n’avais pas les ressources financières pour poursuivre en justice le coupable. J’ai dû me consoler en souhaitant qu’un jour, « la vie » se charge de régler son compte à celui qui s’en était pris à ternir ma réputation de façon mensongère! Je n’ai pas non plus confronté ce coupable, ni ne lui ai dévoilé que je savais qu’il était l’auteur des fausses rumeurs à mon égard, car j’ai voulu me réserver le bon moment pour le faire, lorsqu’il s’y attendrait le moins! Une amie avocate négocia le paiement de ma « courte » journée de travail auprèsdu ministre et j’ai oublié l’événement, du moins jusqu’au jour J où je prendrai ma revanche….
Si j’en retiens une conclusion, c’est que la vérité est rarement celle que l’on constate à première vue. René Lévesque, un très grand journaliste avant de devenir Premier ministre du Québec, disait souvent :« La première vérité n’est pas toujours la bonne… » Le journalisme d’enquête nous apprend que l’image projetée sur la place publique est souvent comme au théâtre. La vraie réalité est derrière les rideaux. Voilà pourquoi, j’admire beaucoup les journalistes d’enquête!
Bernard Bujold
Photo 1: Carte d'identité Bernard Bujold - Assemblée nationale
Photo 2: Édifice de l'Assemblée nationale à Québec

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