mercredi 2 juillet 2008

La vanité est un défaut


Le juge John Gomery était devenu une vedette des médias suite à sa présidence de la Commission d'enquête au sujet du scandale des commandites canadiennes. Gomery avait critiqué ouvertement l'ex-Premier ministre Jean Chrétien dans ce rapport mais la Cour fédérale a ordonné que les accusations soient retirées du texte. Le juge Gomery n'est pas très heureux de ce jugement car sa crédibilité en prend un coup...
La rivalité entre l’ex-Premier ministre Jean Chrétien et le Juge John Gomery n’a jamais été un secret pour personne. Gomery s’est toujours moqué de Chrétien et il n’a pas hésité à l’accuser pour sa responsabilité dans le scandale des commandites avant même d’avoir entendu la preuve en audience. Ce geste était audacieux de la part d’un juge qui doit être impartial mais les abus étaient tellement graves que les médias et le public ont appuyé le magistrat dans ses propos. Jean Chrétien n’est cependant pas du genre à se laisser insulter, quitte à se défendre physiquement si cela devient nécessaire… Il l’a démontré à deux reprises à Ottawa!
Le scandale des commandites fut très grave et plusieurs responsables ont été condamnés à la prison tandis que d’autres ont simplement disparu de la circulation ou quitté le pays. La culpabilité de Chrétien n’a toutefois jamais pu être démontrée. En tant que Premier ministre, il avait la responsabilité ultime des actions de son gouvernement mais il existe une différence entre responsabilité criminelle et responsabilité de fait. Chrétien ne se serait pas enrichi avec l’argent des commandites et l’accuser de l’avoir fait est non seulement injuste, mais aussi illégale. La Cour Fédérale vient de donner raison à Jean Chrétien en forçant le retrait du rapport des passages accusant l'ex-Premier ministre. De telles accusations provenant du juge responsable de faire la lumière sur le dossier reflétaient définitivement un manque d’objectivité et d’intégrité. On pourrait même ajouté que le mépris de Gomery envers Chrétien aurait été une raison suffisante pour qu’il eût refusé de présider la Commission d’enquête. Le scandale des commandites fut provoqué par les largesses du gouvernement fédéral qui voulait démontrer l’importance du Canada suite au référendum sur la souveraineté du Québec en 1995. Des fonds spéciaux avaient été mis en place au niveau de la publicité et c’est là que certaines agences publicitaires ont vu une occasion de s’enrichir rapidement et de façon substantielle. Le Juge Gomery a réagi de la même façon avec les médias et lorsqu’il a vu une occasion de communiquer et de se faire remarquer par ses concitoyens de tout le pays, il n’a pas pu résister. Il a rapidement pris goût à ce rôle de vedette médiatique. En 2005, La Presse canadienne le nommait Personnalité de l’année et Times la Personnalité canadienne. On l’invitait dans des « talk show » comme Tout le monde en parle, on lui demandait son avis sur divers sujets et on le sollicitait en entrevue de toutes parts. On publia même un livre biographique: "Gomery l'enquête!
Personnellement, j’ai compris qu’il dépassait les limites acceptables lorsque je l’ai vu récemment à Télé Québec lors d’une émission sur la rénovation de maison. Il était devenu une sorte de poète à la Leonard Cohen…
Pour un Juge qui n’avait jamais connu la gloire et dont l’épouse était la vedette du couple, l’occasion était trop belle pour la laisser passer. Sauf qu’un juge a un devoir de réserve quitte à demeurer inconnu. L’épouse de Gomery, elle aussi juge, est d’ailleurs un exemple qu’il aurait dû observer et suivre. (Juge Pierrette Rayle)
John Gomery aurait dû refuser de devenir la personnalité médiatique qu’il est devenu et il aurait dû rester à l’arrière scène se contentant d’être le représentant ultime de la Justice.
Nous l’aurions d'autant plus admiré et respecté pour son dévouement et surtout pour sa grande force de caractère!
Bernard Bujold
Photo du haut -Jean Chrétien et John Gomery
Photo du bas - John Gomery devant les médias

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